ATOUA, c'est qui ?

Octobre 2018, je suis chargée du déménagement du centre de crise d'un Institut d'expertise et de recherche dans de nouveaux locaux high-tech. Des délégations françaises, étrangères, ministérielles, parlementaires, industrielles, universitaires ... vont venir visiter cette nouvelle vitrine. J'ai l'idée de proposer un livre d'or pour recueillir un témoignage de leur passage.

Décembre 2018, le livre d'or est totalement vierge ; pas un mot, pas une signature, pas un seul témoignage. Je dois me rendre à l'évidence, mon idée est un flop !

Janvier 2019, je ne me laisse pas abattre : si ce livre n'a pas eu de succès à l'externe peut-être en aura t'il en interne. Je décide que ce livre d'or sera celui de mon service, nous sommes plus de quarante collaborateurs.

Un matin j'inscris une question sur une page, je l'illustre, j'y réponds pour initier le mouvement et je positionne le livre, page ouverte, près de la machine à café.

A 16 h je constate que quelques collègues ont répondu à la question et sont en train d'en discuter justement. Je m'immisce dans leur conversation. J'ai l'impression que ça prend. Je renouvelle l'expérience le lendemain. Même constat, ça marche !

Pendant 8 mois, à chaque nouvelle question, j'avertis mes collègues, à mon rythme et en fonction de l'activité du service. J'entends les portes claquer, les pas impatients se déplacer vers la machine à café. Is découvrent, ils rient, ils échangent, ils partagent ... Je dois me rendre à l'évidence, cette fois mon idée est top !

[Hélène]

Cela fait longtemps que nous discutons, avec mon frère, de la manière la plus simple de léguer son expérience de vie à ses enfants ou petits enfants. En effet l'histoire de notre famille est riche mais nos parents ne sont plus là et nous avons à peine connu nos grand parents : que faire passer aux générations futures sans les ennuyer ou trop les charger émotionnellement ? Livre de mémoires, capsule spatio-temporelle, reportage vidéo,... nous en avons eu des idées !

C'est lors d'une formation en analyse existentielle que je redécouvre le questionnement Socratique qui consiste à poser une série de questions orientées de manière à ce que le patient accouche lui-même de sa vérité. La bonne question, voilà le medium ! Spécialiste de l'intelligence collective, je réunis alors Violaine (grand reporter et psychologue) qui s'y connaît en questions, Hélène (spécialiste en conception de jeux et d'animations) qui s'y connait en solutions, Jean-Sébastien (mon frère donc, qui ne fera pas de compromis sur la qualité de la transmission) qui s'y connaît en management de projets et nous réfléchissons ensemble à la manière d'en "savoir plus sur notre grand-mère". L'expérience menée par Hélène nous ayant séduits, nous commencerons donc par "interroger notre collègue" mais gardons en tête de faire, dès 2022, parler la mamie, le tonton ou les amis... A suivre !

[Marie Emmanuelle]